Article écrit par Chloé Baumes
Le 2 juillet 2015, dans les locaux de l’Agence Française de Développement, s’est tenu un colloque portant sur les financements innovants pour le développement, co-organisé par GHA France. Le fil rouge de la demi-journée : en quoi ces financements innovants sont-ils l’avenir de l’aide au développement ?
La matinée fut ouverte par Jean-Marie Tétart, député des Yvelines, et Laurence Breton-Moyet, directrice des Opérations de l’AFD. Monsieur Tétart a ainsi pu réaffirmer son engagement en faveur de l’aide au développement et de la solidarité internationale. Le groupe d’études parlementaire « Coopération et Aide au développement », dont il est président, a justement consacré l’un de ses derniers travaux à la mobilisation de sources de financements innovantes pour l’aide publique au développement. Ce sont plus de 20 auditions qui ont été menées à cette occasion, fournissant des éléments de débat importants en vue de la conférence internationale d’Addis Abeba sur le financement international de l’aide au développement qui s’ouvrira le 13 juillet prochain. Signataire d’une tribune intitulée « Pour une aide au développement française ambitieuse en 2016 » , Monsieur Tétart a pu souligner, et regretter, la baisse de l’APD de la France, largement en dessous des 0,7% promis, mais bien à son plus bas niveau depuis plus de 10 ans avec seulement 0,36% du RNB français y étant consacré. Or, pour le député, « l’APD doit être une dépense obligatoire pour la France », et les modes de financements du développement renouvelés.
Une fois l’ouverture de Jean-Marie Tétart et Laurence Breton-Moyet terminée, l’échange fut rythmé par deux tables rondes successives, la première mobilisant l’expertise des intervenants sur les enjeux et opportunités de l’innovation en matière de financement du développement. Nous avons ainsi pu apprécier l’expérience de Rosalie Matondo, conseillère du Président de la République du Congo, rapportant la décision de son pays de taxer le pétrole à hauteur de 10 centimes par baril pour alimenter un fond vert ; ou encore celle de Frédéric Bontems, Directeur du développement et des biens publics mondiaux au Ministère des affaires étrangères, et enfin celle d’Alexandre Naulot, Responsable Financement du Développement à Oxfam, qui nous a parlé de la Taxe sur les transactions financières, effective en France depuis 2012. Ce dernier a ainsi pu aborder la question de la base de taxation de la TTF, jugée trop restrictive; une « TTF au rabais » pour les associations. La réplique du modèle français au niveau européen n’est pas souhaitable si l’on reste sur une telle base. Pour autant, l’idée d’une TTF européenne affectée à la solidarité internationale demeure, et reste d’ailleurs un engagement du président, qui ne semble pourtant pas encore prêt à convaincre et à démarcher ses homologues européens sur le sujet.
Après la présentation de deux cas concrets de financements innovants : le pourcent solidaire (1% du budget « eau » des collectivités, syndicats et agences de l’eau pouvant être affecté pour les actions de coopération internationale depuis la loi Oudin-Santini) et le don par sms, la seconde table-ronde consacrée aux mécanismes d’innovation et à leur mise en œuvre pouvait commencer.
Elle fut ouverte par Jean-Michel Severino, ancien directeur de l’AFD et actuel président de Investisseur et Partenaire pour le Développement, puis ce fut Clarisse Loe Loumou, membre de notre conseil d’administration, qui eut l’occasion de s’exprimer notamment sur la taxe sur les billets d’avion mise en place au Cameroun mais aussi sur les dépenses –et non les mécanismes d’augmentation des ressources- innovantes. René Karsenti, président du Conseil de l’IFFIm (la Facilité Internationale de Financement pour la Vaccination), nous a quant à lui présenter l’action de l’IFFIm, « mini banque de développement » ayant élaboré un système financier novateur et efficace permettant d’augmenter l’APD via les marchés de capitaux pour soutenir Gavi, l’Alliance du Vaccin. C’est ensuite Claire Brodin, représentante d’Epargne Sans Frontière, qui a expliqué ce que faisait ce think tank. Ce dernier publie d’ailleurs la revue « Technique Financières et Développement » dont le dernier numéro était consacré aux financements novateurs pour le développement. Elle a pu évoquer la technique de l’émission obligataire comme innovation majeure du financement pour le développement. Enfin, Philippe Orliange, Directeur de la Stratégie, des Partenariats et de la Communication, s’est attardé sur les « facilités de mixage », soit les possibilités d’allier dons, provenant notamment de la communauté européenne, et prêts, émanant principalement de l’AFD.