Réaction
L’OMC a sauvé la face, pas le droit à la santé
20 juin 2022
Entre 1980 et 2010, la vaccination a permis de réduire de moitié la mortalité infantile et de faire décroître de 90% l’incidence mondiale de nombreuses maladies infectieuses comme le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, la polio ou la rougeole.
L’investissement de la France en faveur de la vaccination se fait à travers Gavi, l’Alliance du vaccin, un partenariat public-privé créé en 2000 qui travaille à l’amélioration de l’accès à la vaccination pour les enfants des pays les plus pauvres. Cette initiative permet de fournir des vaccins à des prix abordables en jouant sur la concurrence et en assurant une demande sur les marchés. Sa mission première est de protéger la vie d’enfants et la santé publique en améliorant l’utilisation des vaccins dans les pays en développement.
Ces lacunes dans l’atteinte de la couverture vaccinale mondiale ne sont pas sans conséquence. Des maladies autrefois maîtrisées peuvent réapparaître, comme en témoigne l’épidémie de rougeole en République démocratique du Congo. Dans les pays en développement, des millions de personnes continuent d’en souffrir ou d’en mourir, entraînant par ailleurs des coûts importants pour des systèmes de santé sous-dotés.
Les avancées réalisées ces dernières années en matière de vaccination ont été fortement impactées par la pandémie de Covid-19. Les services de vaccination ont été suspendus ou repoussés, faisant reculer la couverture mondiale de 86% à 83% entre 2019 et 2020. Aujourd’hui, on estime que 23 millions d’enfants de moins d’un an n’ont pas reçu les vaccins de base, soit le chiffre le plus élevé depuis 2009. En 2020, le nombre d’enfants entièrement non vaccinés a augmenté de 3,4 millions. Seules 19 introductions de vaccins ont été enregistrées en 2020, soit moins de la moitié des chiffres enregistrés chacune des vingt dernières années. En 2020, 1,6 million de femmes de plus que l’année précédente n’étaient pas pleinement protégées contre le virus du papillome humain (VPH).
Ce que nous demandons :
Parce que l’égalité d’accès à la vaccination devrait être garantie à tous les enfants et adultes, nous demandons :
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Que la France et l’Union Européenne maintiennent un niveau de financement ambitieux en faveur de Gavi, l’Alliance du vaccin : l’efficacité du partenariat n’est plus à démontrer et la stratégie qu’il poursuit correspond en tout point aux priorités affichées par la France et l’Union européenne en matière de renforcement des systèmes de santé (RSS), de lutte contre les inégalités en santé et de genre et de mobilisation des ressources domestiques.
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Que toutes les populations, y compris dans les pays à faible revenus aient accès à la vaccination et à des systèmes de santé solides, dotés de personnels de santé qualifiés dans chaque communauté, de financements suffisants et pérennes et d’une chaîne d’approvisionnement renforcée.
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Que la France et l’Union Européenne participent activement à la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU) afin d’éliminer les barrières financières d’accès à la vaccination pour les enfants.
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Que soit reconnue le rôle crucial de la société civile et des acteurs communautaires concernant la prévention, y compris auprès des populations les plus marginalisées, ainsi que les efforts réalisés pour augmenter l’acceptabilité et l’utilisation des vaccins dans ces communautés ; que budgets nationaux et l’aide publique au développement soutiennent ces acteurs communautaires.
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Que la communauté internationale s’engage de manière coordonnée à prendre les mesures nécessaires pour assurer un accès de tout·e·s, et notamment des pays les plus fragiles et des populations les plus vulnérables, aux produits médicaux (diagnostics, traitements, vaccins)
A la déclaration de la pandémie, nombre d’appels, également de la part de chefs d’Etats européens, ont souligné la nécessité de faire des futures technologies médicales de lutte contre la Covid19, des biens publics mondiaux. Pourtant, aucune mesure concrète n’a été mise en place à ce jour pour garantir un accès universel aux produits Covid19, notamment des vaccins dont la moitié de l’approvisionnement potentiel a dores et déjà été réservé par les pays riches, qui ne représentent que 13% de la population mondiale. Le maintien des barrières de propriété intellectuelle (accords ADPICs) sur ces produits entrave l’augmentation de la fabrication, bloque la diversité des fournisseurs et sape la concurrence qui se traduit par des prix plus bas et ni la France, ni l’Union Européenne n’ont soutenu la proposition de levée temporaire de ces restrictions, déjà soutenue par près de 100 Etats.
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