Monsieur le Président de la République,
Nous avons à plusieurs reprises salué votre détermination à mettre la France aux avant-postes de la solidarité pour répondre aux enjeux de santé mondiale. Lors de votre accueil de la conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en 2019, vous avez décidé d’augmenter la contribution française et avez mobilisé l’ensemble des partenaires pour atteindre l’objectif de 14 milliards de dollars. Dès le début de la pandémie, vous avez compté parmi les premiers à appeler à une mobilisation multilatérale pour faire face au Covid-19 et à faire des outils de la lutte contre la crise sanitaire des biens publics mondiaux.
Le respect de ces engagements forts nous semble aujourd’hui pourtant menacé, remettant en cause le rôle moteur de la France en santé mondiale. Malgré l’augmentation des crédits de l’aide publique au développement, les dispositions du projet de loi de finances pour 2022 ne semblent pas permettre d’honorer vos promesses. Selon nos calculs, ce sont respectivement près de 90 millions d’euros et 660 millions d’euros qui manquent aujourd’hui pour honorer les contributions annoncées auprès du Fonds mondial et de l’initiative ACT-A. Ces financements sont nécessaires dès cette année, et au plus tard avant l’élection présidentielle.
Ces dispositifs sont pourtant au cœur de la réponse à la situation sanitaire actuelle comme vous avez pu l’affirmer encore récemment à l’occasion de l’installation de l’Académie mondiale de la santé. ACT-A fédère les principales agences internationales de santé afin de garantir l’équité dans l’accès aux vaccins mais aussi aux traitements et aux diagnostics tout en œuvrant pour le soutien aux systèmes de santé publics et communautaires. Parmi ces agences, le Fonds mondial a su mobiliser des moyens ambitieux pour faire face à l’émergence du Covid-19 et atténuer l’impact de la crise sur ses programmes historiques de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Or, comme vous le savez, les menaces que font peser ces quatre pandémies perdurent et affectent disproportionnellement les populations des pays les plus pauvres. Malgré les efforts, une cinquantaine d’Etats, majoritairement en Afrique, n’ont pas atteint la cible de 10 % de couverture vaccinale fixée par l’OMS pour fin septembre. En outre, et pour la première fois dans son histoire, le Fonds mondial alerte sur des reculs alarmants dans la lutte contre les pandémies, avec notamment une baisse de 22% des dépistages au VIH et de 18% du taux de traitement à la tuberculose.
Nous restons persuadés que c’est la conscience de ces enjeux d’équité et de sécurité sanitaire, pour tous et toutes, partout sur la planète, qui ont guidé la prise de vos engagements. Nous vous appelons aujourd’hui à vous assurer qu’ils soient respectés à temps et que la France tienne son rang en matière de santé mondiale.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.
- Patrick Bertrand, Directeur Exécutif, Action Santé Mondiale
- Marc Dixneuf, Directeur Général, AIDES
- Najat Vallaud-Belkacem, Directrice Générale, ONE France
- Cécile Duflot, Directrice Générale, Oxfam France
- Florence Thune, Directrice Générale, Sidaction
- Luc Barruet, Directeur Fondateur, Solidarité Sida
- Dr Serge Breysse, Directeur Général, Solthis