Paris le 22 octobre 2014
La France veut couper son aide à la santé mondiale quand l’épidémie de tuberculose fait rage.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) révèle aujourd’hui, dans son rapport 2014 [en anglais], des chiffres alarmants sur la tuberculose dans le monde, pendant que la France discute actuellement de coupes drastiques dans son budget d’aide au développement pour 2015 – des coupes qui affecteraient en particulier l’aide vers la santé mondiale.
Une aberration que dénoncent les ONG Global Health Advocates France et ONE France.
La tuberculose tue plus que prévu
Si des progrès certains ont été réalisés dans le traitement de la tuberculose, le rapport de l’OMS met en lumière des nouvelles données, qui montrent que cette pandémie est plus grave qu’on ne le pensait.
En 2013, on compte ainsi 9 millions de nouveaux cas et 1,5 million de morts de cette maladie, soit plusieurs centaines de milliers de plus que les précédentes estimations.
De nouvelles données qui révèlent aussi une situation particulièrement alarmante en Afrique. La mortalité due à la tuberculose sur le continent africain est de 44 % supérieure en 2013 à celle estimée en 2012.
Enfin ce rapport révèle que plus de 39 000 personnes atteintes de tuberculose multi-résistante n’ont toujours pas accès aux traitements, par manque de capacité des systèmes de santé publique dans de nombreux pays. Cette situation augmente les risques de transmission de cette forme particulièrement dangereuse de la tuberculose, très présente dans les pays d’Europe de l’Est. Nous avons urgemment besoin de nouveaux outils pour lutter contre la tuberculose, or le manque de financements dédié à la recherche et développement dans le domaine n’a fait qu’accentuer cette tendance.
La France à contre-courant de ce constat alarmant
Alors que ce nouveau rapport, mais aussi l’épidémie catastrophique d’Ebola, révèlent l’ampleur des besoins d’action et de financement dans la santé mondiale, la France, elle, prévoit de réduire son budget pour l’aide à la santé dans les pays en développement.
Le projet de loi de finance 2015 présente en effet une coupe de plus de 80 millions d’euros dans l’enveloppe dédiée à l’aide publique au développement. Une baisse disproportionnée de plus de 2,8% de ce budget par rapport à 2014, qui malheureusement se réduit comme peau de chagrin année après année. Pire encore, le gouvernement indique que ces coupes se concentreront particulièrement sur les projets de santé.
« Réduire les budgets de l’aide publique au développement en santé n’est rien de moins que criminel, et l’argument du rééquilibrage des comptes publics fallacieux lorsque l’on sait qu’un pays comme le Royaume-Uni, soumis aux même contraintes budgétaires, parvient à dédier 0,1% de son RNB à l’APD santé comme préconisé par l’OMS » affirme Friederike Röder, directrice de ONE France.
A Mme Annick Girardin, Secrétaire d’Etat chargée du développement et de la francophonie, qui sera auditionnée ce soir en Commission élargie à l’Assemblée Nationale sur le sujet, Patrick Bertrand, directeur exécutif de l’ONG Global Health Advocates, déclare : « le Gouvernement doit prendre conscience que le coût de l’inaction est plus important que le coût de l’action en matière de santé, comme nous le prouve cruellement l’épidémie d’Ebola aujourd’hui. La réémergence de la tuberculose multi-résistante en Europe témoigne de l’urgente nécessité d’agir, dans un monde où les maladies ne connaissent pas de frontières».
Global Health Advocates France et ONE rappellent le gouvernement et les députés à leur responsabilité dans la réponse aux enjeux sanitaires mondiaux.
Contact presse :
ONE – Annabel Hervieu : annabel.hervieu@one.org – 06 31 22 89 68
Global Health Advocates France – Claire Baudot : cbaudot@ghadvocates.org – 01 80 48 91 26