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Le financement mondial de la R&D contre la tuberculose n’a jamais été aussi important, mais reste pourtant bien inférieur aux engagements internationaux

By 15 janvier 2025No Comments

Le Treatment Action Group (TAG) et le Partenariat Stop TB ont récemment publié leur Rapport 2024 sur l’évolution du financement de la recherche sur la tuberculose. Ce rapport souligne que le financement de la recherche et du développement (R&D) sur la tuberculose (TB) a atteint en 2023 son niveau le plus élevé jamais atteint : 1,2 milliard de dollars. Malgré l’augmentation notable, ce montant ne représente que 24 % de l’objectif de financement annuel de 5 milliards de dollars convenu par les Etats lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose (UN HLM) en septembre 2023.

Seuls deux pays – l’Afrique du Sud et l’Inde – ont pu atteindre, et même dépasser, le montant correspondant à leur juste contribution à la R&D sur la tuberculose en 2023.

La France et l’UE figurent parmi les principaux bailleurs, mais ne contribuent respectivement qu’à hauteur de 23 % et 30 % de leur juste contribution.

La France a fourni 35,27 millions de dollars, ce qui en fait le cinquième pays contributeur à la R&D sur la TB. Cela ne représente toutefois que 23 % de sa juste contribution, qui devrait atteindre 115,42 millions de dollars. Le TAG a également calculé la juste contribution de l’Union européenne (UE + États membres de l’UE) à la R&D sur la tuberculose. L’UE devrait ainsi collectivement contribuer à hauteur de 706,09 millions de dollars, mais a pourtant fourni à peine 28 % de ce montant en 2023.

Le rapport note également que, si le financement public de la R&D sur la TB a augmenté en termes absolus au cours des dernières années, la proportion du financement public de la R&D sur la TB dans son ensemble a diminué, passant de 66 % en 2022 à 62 % en 2023. Cela s’explique par le fait que les organisations philanthropiques ont augmenté leur contributions de près de 50 % de 2022 à 2023. Tout en saluant l’augmentation du financement des philanthropies, nous soulignons le risque que cette tendance peut poser. Les programmes d’innovation devraient en effet être guidés par l’intérêt général et transparents vis-à-vis du secteur public qui participe à leur financement.

En outre, le rapport reconnaît que le financement de la R&D sur la TB repose principalement sur les contributions de quelques bailleurs de fonds. Deux bailleurs à eux seuls – la Fondation Bill et Melinda Gates et l’Institut National de la Santé des États-Unis – ont fourni 53 % de tous les financements destinés à la R&D sur la TB en 2023. Une trop forte dépendance à un nombre limité d’importants bailleurs pourrait constituer une menace pour la durabilité et la fiabilité du financement de la R&D sur la TB.

Comme le souligne Mme Hester Kuipers, directrice exécutive d’IAVI Europe : “Les progrès pour financer la R&D sur la TB  sont largement insuffisants par rapport aux enjeux. La plupart des pays ne tiennent pas leurs promesses et cela constitue une préoccupation majeure. La tuberculose étant l’agent pathogène le plus mortel et l’un des principaux facteurs des infections pharmacorésistantes, nous ne pouvons pas nous permettre de ralentir le développement de nouvelles interventions essentielles. Prenez par exemple la R&D sur les vaccins antituberculeux: pour la première fois depuis l’introduction du BCG il y a plus de 100 ans, de nouveaux vaccins pourraient bientôt voir le jour. Pourtant, il existe une dépendance chronique à l’égard d’une poignée de sources de financement couvrant à peine 1/5e des besoins financiers estimés. À moins d’être corrigée, cette tendance ne fera qu’entraver les efforts visant à permettre la distribution des vaccins et leur acheminement vers les personnes qui en ont le plus besoin. Les gouvernements, y compris ceux des pays les plus touchés, et les autres bailleurs de fonds, doivent agir de toute urgence pour combler les déficits de financement et ainsi sauver des millions de vies.”

La tuberculose est la principale cause de décès par agent infectieux dans le monde. Chaque année, plus de 10 millions de personnes contractent la tuberculose, entraînant plus d’un million de décès. Un financement insuffisant pour la R&D sur la TB retarde la livraison d’outils indispensables à la lutte contre cette maladie, notamment de nouveaux vaccins, médicaments et diagnostics. Aucun de ces domaines de recherche ne reçoit actuellement un financement annuel suffisant : le financement des médicaments n’est qu’à 21 % de son objectif, celui des vaccins à 18 %, celui des diagnostics à 17 % et celui de la recherche fondamentale à 20 %.

Alors que l’échéance de 2030 pour mettre fin à la tuberculose approche à grands pas, toutes les opportunités doivent être mises à profit pour éradiquer cette épidémie.

C’est pourquoi Action Santé Mondiale appelle la France à relever le défi. Nous demandons à la France d’apporter sa juste contribution à la R&D sur la tuberculose, et d’encourager l’Union Européenne à faire de même.