EssentiELLES #1
Condition indispensable à l’atteinte des Objectifs de développement durable, la santé des femmes et des filles continue pourtant d’être négligée par l’aide internationale.
69 milliards de dollars annuels.
C’est la somme nécessaire à la mise en place, dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, du paquet de soins de santé sexuelle et reproductive qui permettraient de répondre aux besoins de contraception moderne des femmes, de soins maternels et néonatals, de services d’avortement et de traitement des principales infections sexuellement transmissibles (IST) curables, selon une étude du Guttmacher Institute (ici) publiée en 2020.
L’investissement supplémentaire requis chaque année dans la santé sexuelle et reproductive représente 31 milliards de dollars annuels dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.
Si la somme est colossale, c’est surtout car le chemin à parcourir reste long : dans les pays en développement, les besoins non couverts en matière de santé sexuelle et reproductive sont considérables. Et les financements internationaux continuent d’être largement insuffisants : l’investissement supplémentaire requis chaque année dans la santé sexuelle et reproductive représente 31 milliards de dollars annuels dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.
Non seulement le financement international en matière de DSSR est insuffisant, mais il est concentré sur un trop petit nombre de donateurs, parmi lesquels les États-Unis. Cette situation a eu des répercussions notoires sur l’accès de millions de femmes à leur santé : lors de la réadoption par les Etats-Unis de la politique de Mexico (Global Gag Rule), le pays a interdit aux ONG recevant de l’aide américaine d’assurer un réel travail en faveur de l’avortement. Dans les faits, cela signifie qu’elles ne pouvaient fournir des services d’avortement légaux ou des informations et transferts, ni même mener un plaidoyer en faveur de sa légalisation, même si ces activités sont financées avec les fonds propres à l’ONG.
La décision américaine a eu un impact désastreux sur le niveau de financement international disponible pour les DSSR, puisqu’elle concernait 8,8 milliards de dollars. Si l’abandon de la Global Gag Rule par l’administration du président américain Joe Biden est une excellente nouvelle, les conséquences de cette politique se feront encore sentir dans les prochaines années.
Alors que les DSSR constituent un service de base et un droit humain, ils sont systématiquement remis en cause lors de crises
Par ailleurs, les donateurs se concentrent principalement sur certains aspects des DSSR, notamment la lutte contre le VIH, tandis que d’autres services de santé reproductive clés – les soins prénatals et postnatals, la prévention et le traitement de l’infertilité, la prévention et la gestion des complications liées à l’avortement ou encore la planification familiale – souffrent d’un manque d’investissement criant. En cause : une forte politisation du sujet au niveau international et national. Alors que les DSSR constituent un service de base et un droit humain, ils sont systématiquement remis en cause lors de crises. Ce constat, la pandémie de Covid-19 l’a tristement illustré.
Le leadership français sur la Coalition d’action DSSR représente donc une opportunité majeure pour prendre des engagements politiques forts, et assurer que ces engagements soient soutenus par des financements suffisamment ambitieux. C’est la condition sine qua non pour contribuer à rendre effectif l’accès à ces droits, soins et services dont dépend cruellement la vie des femmes.