Pantin, le 07/10/2020
Suite à la publication ce jour du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) nous,
associations de patients et de santé, constatons amèrement l’absence de mesures phares que nous portons depuis longtemps, notamment concernant les investissements publics dans la Recherche et le Développement (R&D). C’est un nouveau revers dans la lutte pour la transparence et l’accessibilité aux médicaments, après l’abaissement du niveau des stocks de sécurité accordée aux laboratoires cet automne. Alors qu’il avait l’opportunité de tirer les enseignements de la crise en prenant enfin en compte la parole des patients-es et des associations, le Gouvernement semble poursuivre dans la direction amorcée au printemps.
Cette attitude ne peut qu’accroître la défiance des citoyens-nes sur la capacité de notre système de santé à assurer un accès équitable aux médicaments pour tous-tes.
Constitution des stocks de sécurité : mesure amoindrie, impact limité
L’an dernier, nos associations s’étaient réjouies de l’adoption d’une mesure indispensable pour pallier les risques de pénuries de médicaments, toujours trop nombreuses et toujours dangereuses : l’obligation pour les laboratoires de disposer de quatre mois de stocks sur les traitements d’intérêt thérapeutiques majeurs. Depuis, quelle indignation de constater que ce niveau de stocks a été réduit à deux mois seulement, alors que les pénuries durent en moyenne plus de 14 semaines ! Cette décision incohérente est une preuve d’inconscience alors que la crise sanitaire actuelle est la triste occasion de constater les tensions existantes sur des médicaments essentiels comme ceux utilisés en réanimation.
Transparence : en arrière toute !
Aujourd’hui, la défiance des citoyens envers le Gouvernement sur l’accès aux médicaments s’aggrave encore un peu plus. L’absence, dans le PLFSS de mesure sur la transparence du montant des investissements publics dans la R&D est inacceptable et incohérent. En effet, cette mesure avait pourtant été portée en 2019 par…Olivier Véran lui-même !
Un nouveau revers incompréhensible dans une période ou l’argent coule à flot, légitimement, pour la recherche de traitements contre la Covid-19. Dans ce contexte, la mesure paraît d’autant plus indispensable pour assurer l’accessibilité de ces futurs traitements.
Ces reculs de certains membres du Gouvernement sur des sujets dont ils étaient pourtant initiateurs ne peuvent que conduire à une rupture complète de confiance des patients-es et de nos associations à l’égard de décideurs versatiles sur cette thématique.
Si les initiatives de 2019 allaient dans le bon sens pour donner l’ampleur nécessaire à la voix des patients-es et des associations qui les représentent ou travaillent à leurs côtés, nous constatons qu’il n’en est plus rien : les signaux envoyés par le Gouvernement sont ceux d’une mépris de ces voix. Dans ce contexte, nous portons une vigilance accrue aux innovations proposées dans le PLFSS, notamment concernant les réformes à venir sur l’accès précoce aux médicaments. Nous nous opposons aux mesures qui sanctuarisent les pratiques opaques et inflationnistes du parcours du médicament et dénonçons l’incohérence des discours qui opposent accès aux traitements et pérennité de notre système de santé solidaire.
Monsieur Véran, il est temps de faire preuve de cohérence et de raison : entendez les patients-es et les associations de santé.
Contacts presse :
AIDES : Adèle Simon – 06 98 68 01 68 – asimon@aides.org
GHA : Elisa Domingues dos Santos – 06 28 03 59 45 – edominguesdossantos@ghadvocates.org