Communiqué de presse – Paris, le 8 Octobre 2020
PLF 2021: Les ONG déplorent l’absence de renforcement de la taxe sur les transactions financières (TTF) en faveur de la solidarité internationale
Alors que la pandémie de COVID-19 a eu des conséquences sanitaires, économiques et sociales désastreuses pour les pays en développement comme en atteste le rapport de la Banque Mondiale paru mercredi, le secteur financier a, quant à lui, tiré profit de la crise. L’année 2020 est ainsi marquée par un nouveau creusement des inégalités. Les débats en Commission des finances se sont achevés sur un constat amer : alors que plusieurs amendements ont été déposés pour renforcer la TTF en faveur de la solidarité internationale, aucun n’a été adopté, face au blocage du Gouvernement et du rapporteur général sur le sujet. Ces propositions doivent de nouveau être discutées en séance publique la semaine prochaine, une opportunité à saisir impérativement.
Alors même que les défis en matière de développement étaient déjà titanesques avant la crise, le COVID-19 fait des ravages dans les systèmes de santé sous-financés dans les pays les plus pauvres et détruit des décennies de progrès dans la lutte contre la pauvreté et la faim. Le rapport de la Banque Mondiale paru mercredi 7 octobre est sans appel : pour la première fois depuis plus de vingt ans, l’extrême pauvreté va augmenter cette année, avec entre 88 et 115 millions de nouvelles personnes touchées. D’autres estimations vont dans le même sens : un demi-milliard de personnes pourrait sombrer dans la pauvreté suite aux conséquences économiques et sociales de la pandémie, du jamais vu depuis le début des années 1990.
En parallèle, les transactions financières ont bondi cette année, en raison de la crise, génératrice de volatilité sur les marchés financiers. Au niveau européen, le volume des transactions a augmenté de 60% entre mars et mai 2020, comparé à la même période l’année précédente. En France, la tendance est la même et jamais la TTF n’a rapporté autant ; dès le mois d’août son rendement dépassait déjà celui attendu sur toute l’année.
Il s’agit d’une occasion unique pour mobiliser davantage le secteur financier dans la lutte contre les inégalités et l’éradication de la pauvreté, à travers une taxe qui n’a pas d’impact sur le dynamisme des marchés financiers et qui est indolore pour les finances publiques. Convaincus du besoin de financer davantage la solidarité internationale pour faire face aux nouveaux enjeux, de nombreux députés de tous bords se sont emparés de cette question. Malheureusement, les amendements présentés en ce sens se sont vus rejetés en Commission des finances. L’examen du texte en séance publique offre une nouvelle occasion d’inverser la tendance. Les ONG comptent donc sur les députés pour s’en saisir.
Note aux éditeurs – Sources utilisées
- Rapport de la Banque Mondiale – World Bank Report, Reversals of fortune, Poverty and shared prosperity 2020 https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/34496/9781464816024.pdf
- Estimations sur l’évolution de la pauvreté : Sumner, C. Hoy et E. Ortiz-Juarez (2020), Estimates of the Impact of COVID-19 on Global Poverty.
Document de travail UNU-WIDER. UNU-WIDER : Helsinki. https://doi.org/10.35188/UNUWIDER/2020/800-9
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