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Se concentrer sur les femmes et les filles a un effet multiplicateur

By 10 décembre 2024décembre 11th, 2024No Comments

Entretien avec Solianna Meaza, directrice politiques publiques et plaidoyer mondial à FHI 360. FHI 360 se concentre sur le plaidoyer en matière de nutrition à travers deux projets clés : l’initiative 1,000 Days, axée sur la période charnière de la conception jusqu’à l’âge de 2 ans pour développer une bonne nutrition chez les enfants, et le Women’s Nutrition Project, qui met en lumière la relation entre inégalités de genre et malnutrition, en lien avec la campagne Gender Nutrition Gap. Elle a aussi travaillé pour des organisations de développement international, notamment la Fondation Eleanor Crook, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), ainsi que pour la Chambre des représentants des États-Unis.

1. Comment la lutte contre la malnutrition et la lutte pour les droits des femmes sont-elles liées ?

La malnutrition des femmes et des filles est profondément ancrée dans les inégalités entre les hommes et les femmes et dans la façon dont les circonstances économiques, sociales et culturelles interagissent. Par exemple, les filles ont moins de chance que les garçons de finir un cursus éducatif primaire, ce qui affecte leur capacité à gagner un revenu ; les femmes effectuent les trois quarts des soins non rémunérés dans le monde, ce qui les empêche d’accéder à un emploi rémunéré ; et la dynamique des ménages peut pousser les femmes et les filles à manger moins, en dernier et moins bien. Tout cela entraîne des inégalités entre les hommes et les femmes en matière de revenus et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. L’amélioration de la nutrition des femmes et des filles ne se limite pas à la disponibilité d’aliments nutritifs. Il faut renforcer l’autonomie, l’indépendance économique et la capacité de prise de décision des femmes. Il nous faut atteindre l’équité entre les sexes. La nutrition est une question féministe.

Nous définissons le fossé nutritionnel entre les hommes et les femmes comme la manière dont les défis systémiques – le manque de reconnaissance des besoins biologiques uniques des femmes et des filles, les obstacles auxquels elles sont confrontées pour accéder à la nourriture et aux services, et les normes sociales néfastes – ont un impact sur leur santé et leurs circonstances économiques.

2. Que faut-il faire pour combler ce fossé ?

En partenariat avec notre coalition de “Gap Closers”, nous avons publié en 2023 un programme d’action intitulé Closing the Gender Nutrition Gap: An Action Agenda for Women and Girls, qui appelle les décideurs à améliorer les politiques et à accroître les investissements en faveur de la nutrition des femmes et des filles. En pratique, il détaille des actions politiques concrètes dans quatre domaines :

  1. améliorer l’accès à une alimentation saine,
  2. repenser le système de soins, afin de lutter contre les discriminations auxquelles les femmes et les filles sont confrontées lorsqu’elles cherchent à obtenir des soins,
  3. faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes, et
  4. mettre en place un environnement politique multisectoriel pour la nutrition des femmes et des filles.

Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la malnutrition – pourtant, la nutrition des femmes et des filles n’est pas une priorité dans les politiques et les programmes. Le programme d’action vise à remédier à cette situation.

“Au cœur de cet agenda se trouve la reconnaissance sans équivoque du fait que la priorité accordée à une nutrition optimale pour les femmes et les filles de tous âges ouvre la voie à de plus grandes opportunités. Une bonne nutrition a un effet d’entraînement positif sur les femmes, leurs communautés et leurs nations.”

3. Quels engagements la communauté internationale devrait-elle prendre pour relever les défis de la nutrition des femmes, à quelques mois du prochain Sommet N4G ?

FHI360 fait partie d’un groupe d’organisations de la société civile qui propose un ensemble de recommandations à fort impact et réalisables pour le sommet N4G sur la nutrition et l’égalité hommes-femmes.

A l’approche du Sommet sur la nutrition pour la croissance à Paris, nous appelons les gouvernements, les organisations internationales, les organisations philanthropiques et les entreprises à :

  • Investir dans la sécurité nutritionnelle et dans des régimes alimentaires sains pour les femmes et les filles. Près de 40 % de la population mondiale n’a pas les moyens d’avoir une alimentation saine. Se concentrer sur les femmes et les filles a un effet multiplicateur : cela fait progresser l’égalité générale entre les hommes et les femmes, rompt le cycle transgénérationnel de la malnutrition et lutte contre le surpoids et l’obésité, qui touchent principalement les femmes et les filles.
  • Soutenir l’autonomisation sociale et économique des femmes et des filles afin de s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition. L’accès à des aliments sains et nutritifs ne suffit pas : l’accès des femmes aux soins, à l’éducation et au leadership dans les systèmes alimentaires fait également partie de la solution.
  • Intégrer davantage la nutrition dans les services de santé pour toutes les femmes et les filles tout au long de leur cycle de vie. Les femmes ont droit à la santé, quel que soit leur statut reproductif. Selon l’Organisation mondiale de la santé, une meilleure prise en compte de la nutrition dans les services de santé pourrait sauver 3,7 millions de vies d’ici à 2025.
  • Tirer parti de la protection sociale pour améliorer la nutrition des femmes et des filles. Les systèmes de protection sociale doivent reconnaître que les femmes et les filles portent un fardeau disproportionné de la pauvreté et s’attaquer aux formes croisées de vulnérabilité et d’inégalité auxquelles les femmes et les filles sont confrontées tout au long de leur vie.
  • Investir dans les données pour agir et rendre des comptes. Il existe de vastes lacunes en matière de données sur la nutrition des femmes et des filles, qui doivent être comblées par des systèmes de collecte de données récurrents et ventilés par sexe et par âge. Ces données doivent également être activement utilisées pour améliorer considérablement la visibilité, la prise de décision, les actions et la redevabilité en matière de nutrition des femmes et des filles.