Le COVID-19 a mis en évidence le besoin urgent d’une action collective et d’une augmentation des investissements dans la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies (PPR). En avril 2022, les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 sont parvenus à un consensus sur la création d’un nouveau fonds d’intermédiaires financiers (FIF), hébergé par la Banque mondiale, afin de catalyser les investissements dans la prévention, la préparation et l’intervention en cas de pandémie.
La Banque mondiale est chargée de mettre en place rapidement ce nouveau fonds. Elle a publié un livre blanc qui a été partagé avec les parties prenantes du projet à la fin du mois de mai. La proposition de FIF sera soumise à l’approbation du Conseil de la Banque mondiale d’ici la fin du mois de juin.
Nous pensons que ce livre blanc soulève de sérieuses inquiétudes quant à la valeur ajoutée stratégique de ce fonds, aux questions relatives à la transparence et à l’inclusivité, en particulier dans les processus de prise de décision, et sa capacité à améliorer plutôt qu’à dupliquer les efforts des institutions de santé mondiale déjà existantes.
Le partenariat ACTION, dont Action Santé Mondiale fait partie, est un partenariat de défense de la santé mondiale regroupant plus de 15 organisations indépendantes et ancrées localement. Ce partenariat a présenté collectivement des recommandations de haut niveau articulées autour des principes, du financement, de la gouvernance et des modalités de fonctionnement du FIF. Nous voulons nous assurer que ce nouveau fonds pour la réponse et la préparation aux pandémies puisse soutenir efficacement les capacités nationales et régionales nécessaires pour réagir aux prochaines crises et combler les lacunes actuelles dans l’écosystème actuel de la sécurité sanitaire mondiale.
Nos recommandations :
- Le FIF doit clairement articuler ses plans de mobilisation et d’effet de levier des ressources en dehors de l’APD existante, et ne pas compter principalement sur l’APD. Il devra également expliciter les moyens par lesquels il souhaite catalyser le financement privé au-delà des fondations. Enfin, il devra préciser son intention de soutenir, et non de dupliquer, les rôles et les capacités des institutions existantes telles que le Fonds mondial, l’OMS, CEPI, Gavi et Unitaid en matière de réponse et préparation aux pandémies, et combler les lacunes clairement définies dans l’architecture globale existante.
- Le FIF doit mettre en œuvre une approche cohérente mais flexible avec un financement pluriannuel plus efficace pour travailler avec les structures de mise en œuvre et peut permettre des approches régionales et ainsi mieux soutenir la souveraineté sanitaire.
- Le FIF doit prévoir, dans sa gouvernance, la pleine participation décisionnaire des pays bénéficiaires, toutes catégories de revenus confondues, mais aussi des parties prenantes essentielles comme l’OMS et d’autres institutions comme le Fonds mondial. C’est essentiel car ces institutions ont l’expertise et la capacité requises pour garantir la mise en œuvre réussie d’une réponse et préparation aux pandémies solides. La gouvernance du FIF doit reconnaître les contributions essentielles de la société civile et des organisations des communautés affectées au-delà de leur rôle d' »observateurs » et leur assurer une représentation au sein de l’organe de prise de décision.
- Le FIF doit mieux articuler la valeur ajoutée aux efforts de réponse et préparation aux pandémies des institutions existantes et indiquer clairement comment il souhaite collaborer avec les fonds multilatéraux et comment il les financera, notamment en clarifiant la capacité des autres institutions clés de santé mondiale, incluant le Fonds mondial, CEPI, Gavi, ainsi que les agences des Nations unies. Toutes ces structures doivent être des entités de mise en œuvre pour le FIF.