Communiqué de presse
Ce jeudi 9 décembre, le président Emmanuel Macron tiendra une conférence de presse pour présenter les priorités de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (UE) qui débutera le 1er janvier 2022 pour une durée de 6 mois. Actuellement, l’UE est la principale force bloquante dans les négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid-19.
L’Union Européenne première opposante au vote de la levée des brevets à l’OMC
Depuis plus d’un an, l’Inde, l’Afrique du Sud et une centaine de pays demandent la levée temporaire des barrières de propriété intellectuelle pour pouvoir augmenter la production de vaccins anti-Covid dans le monde. Les vaccins sont actuellement privatisés du fait des monopoles très rentables que détiennent une poignée de laboratoires pharmaceutiques. L’UE figure parmi les principaux opposants à l’adoption d’une telle mesure au sein de l’OMC – malgré le caractère exceptionnel et urgent de la situation.
“Actuellement, le principal adversaire au vote de la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid à l’OMC c’est l’Europe !” déclare Gautier Centlivre, responsable plaidoyer d’Action Santé Mondiale. “Sans mesures exceptionnelles plaçant la santé de tou.te.s au-dessus des intérêts privés et sans sursaut de solidarité, nous sommes condamnés à un cercle infernal à la merci des variants”.
“La position de l’Union européenne est cynique. Elle déclare que le vaccin doit être un “bien public mondial” mais en même temps elle ne livre pas les doses qu’elle a promis aux pays les plus pauvres et protège les monopoles d’une poignée de laboratoires pharmaceutiques, grands gagnants de la pandémie, qui limitent artificiellement la production mondiale de vaccins” déclare Sandra Lhote-Fernandes, responsable du plaidoyer santé d’Oxfam France.
“On nous rétorque que la levée des brevets fragiliserait l’investissement des industries pharmaceutiques en matière de recherche sur de nouveaux vaccins. De quelle fragilité parle-t-on quand 3 d’entre elles vont engranger 35 milliards de dollars de bénéfices cette année ?” souligne Florence Thune, directrice générale de Sidaction.
Les ONG interpellent le Président Emmanuel Macron, futur président du Conseil de l’UE
La France s’apprête à prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne pour les 6 prochains mois. C’est l’occasion pour le président français de reprendre le combat en faveur de la levée des barrières liées à la propriété intellectuelle, délaissé depuis des mois.
« Emmanuel Macron s’était engagé devant nous à soutenir la demande de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Depuis, la France s’est ralliée derrière la position dogmatique et insuffisante de l’Union européenne. En revenant sur ses engagements, la France contribue à reporter indéfiniment la fin de la pandémie du Covid-19 qui fait des ravages partout dans le monde » déclare Serge Breysse, directeur général de Solthis.
“La mission du président français est claire : il a 6 mois pour convaincre ses partenaires européens de faire primer l’intérêt de l’humanité sur les profits faramineux de quelques laboratoires pharmaceutiques. Combien de nouvelles vagues en Europe, de systèmes de santé saturés et de mesures de restrictions de liberté pour que les dirigeants européens comprennent qu’il est dans l’intérêt de tou.te.s de voter la levée des brevets?” déclare Dr. Carine Rolland, présidente de Médecins du Monde.
“Obtenir la levée temporaire des droits de propriété intellectuelle, et la compléter par des transferts de technologie et de savoir-faire afin de permettre la production de vaccins sûrs, est un enjeu de justice et de solidarité fort. C’est un pas crucial pour l’accès aux vaccins et aux soins des plus vulnérables, qui sont les plus impactés par ce virus dont ils ne sont pas protégés” souligne Aurélien Babo, chargé de plaidoyer international « Accès aux vaccins et aux soins » au Secours Catholique-Caritas France.
«Est-il encore nécessaire de rappeler que la plupart des vaccins COVID-19 ont été développés grâce aux investissements publics mais que les principales sociétés pharmaceutiques réalisent 1000 dollars de bénéfices par seconde grâce à ces vaccins ? La stratégie adoptée par les pays riches pour lutter contre le Covid-19 ne fonctionne pas, l’apparition du variant Omicron en est la preuve. Il est temps de changer les règles du jeu et de permettre aux pays pauvres de produire leurs propres vaccins » déclare Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l’ONG ONE.