Document de position
« En janvier, j’ai déclaré que le monde était au bord d’un échec moral catastrophique si des mesures urgentes n’étaient pas prises pour assurer une distribution équitable des vaccins anti- Covid. Nous avons les moyens d’éviter cet échec, mais il est choquant de constater à quel point peu de choses ont été faites pour l’éviter. […] L’écart entre le nombre de vaccins administrés dans les pays riches et le nombre de vaccins administrés via Covax se creuse et devient chaque jour plus grotesque ».
C’est en ces termes que le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, s’est exprimé en conférence de presse le 22 mars dernier. En mars 2021, 123 millions de personnes avaient été infectées par la maladie à Coronavirus et plus de 2,7 millions de personnes en étaient décédées. Cette pandémie mondiale marque un coup d’arrêt aux efforts de lutte contre la pauvreté et les inégalités à l’échelle mondiale, en particulier en matière d’inégalités entre les femmes et les hommes. Les Nations Unies alertent qu’en seulement douze mois, on pourrait perdre les progrès réalisés ces vingt-cinq dernières années en matière de droits des femmes. Des études estiment que l’interruption des services de santé de base pourrait entraîner entre 12 000 et 56 000 décès maternels additionnels sur 6 mois dans 118 pays.
Comme le Directeur général de l’OMS et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le rappelaient : “Pour mettre fin à une pandémie d’une telle ampleur, nous avons besoin d’un effort mondial. L’accès mondial aux vaccins, aux tests et aux traitements contre le coronavirus pour tous ceux qui en ont besoin, partout sur la planète, n’est pas seulement une exigence morale, mais également la solution la plus efficace en matière de santé publique”. Le développement des variants en est une illustration. La fin de la pandémie n’est pas possible uniquement au niveau français ou même européen, il est urgent de renforcer la réponse globale. Il est dans l’intérêt de tou.te.s de veiller à ce que chaque être humain soit vacciné, car la distribution mondiale de vaccins est le moyen le plus efficace de réduire la capacité du virus à se répliquer et à évoluer. Une attention spécifique doit être portée aux populations les plus vulnérables et marginalisées, et aux personnes vivant dans des contextes de crises humanitaires.
Or, tandis que la pandémie continue de sévir partout autour du monde et se développe dans certaines régions encore relativement épargnées, les moyens de lutter contre le virus et sa propagation sont bien insuffisants et trop inéquitablement répartis. Pendant que les campagnes de vaccination s’accélèrent en Europe ou aux Etats-Unis, des chercheurs estiment que dans les pays les plus pauvres il faudra attendre au moins 2024 pour que l’immunisation de masse soit atteinte.
Il y a un an, le 11 mars 2020, l’OMS qualifiait officiellement la maladie à Coronavirus comme pandémie mondiale. Un an après, le Collectif Santé Mondiale présente ici des pistes d’actions pour lutter plus efficacement contre la pandémie au niveau mondial :
1. Accroître les financements et renforcer leur impact pour accélérer l’accès des pays à faible revenus aux outils contre la COVID-19
2. Répartir équitablement les efforts financiers sur les différents piliers d’ACT-A (Vaccins, diagnostics, traitements, RSS)
3. Lever les monopoles des groupes pharmaceutiques pour accélérer la production massive de vaccins et autres outils médicaux pour lutter contre la Covid-19
4. Redistribuer les doses pour réduire l’inégalité d’accès aux vaccins à l’échelle mondiale et permettre de parer en urgence aux besoins des populations les plus exposées dans les pays à faible revenu
5. Faire de l’accès aux DSSR et de la lutte contre les violences basées sur le genre un pilier à part entière de la réponse à la pandémie COVID19
6. Assurer la transparence des investissements publics
7. Renforcer durablement les systèmes de santé publics, en particulier aux niveaux primaires et communautaires
8. Lutter contre les impacts indirects de la pandémie sur la santé mondiale
9. Augmenter l’APD santé dans le cadre de la loi de programmation
10. Augmenter les ressources disponibles en mobilisant des financements innovants à même de répondre aux enjeux liés à la crise actuelle